Description
Added on the 23/02/2025 12:00:41 - Copyright : Numerama
On entre dans la troisième année de la guerre en Ukraine, et s’il y a bien un drone de moyenne envergure qui a marqué ce conflit, c’est le Shahed-136. Et sa version russe, le Geran-2, puisque la Russie a tout simplement racheté la technologie iranienne pour en produire elle-même. C’est un drone assez imposant, 2,5 mètres d’envergure, chargé avec 40 à 50 kilos d’explosifs, conçu pour une seule mission : s’écraser sur sa cible. On l’a surtout vu au-dessus des villes ukrainiennes, car il est principalement utilisé pour des missions de démoralisation : c'est-à-dire, frapper la population civile et les infrastructures énergétiques, notamment en hiver, pour priver une ville d’électricité ou de chauffage. Un Shahed, en soi, ce n’est pas un drone discret. Il est relativement bruyant, il vole lentement, et il est souvent détecté avant d’atteindre sa cible. Le problème, c’est que la Russie ne les envoie jamais seuls. Généralement, c’est par vagues, des dizaines en une nuit, dispersés sur différents points d’une ville, en saturant la défense anti-aérienne et toucher des points sensibles, comme récemment, la centrale de Tchernobyl. De son côté, l’Ukraine a repris ces tactiques à sa manière, en développant ses propres drones longue portée. Certains peuvent aller très loin, jusqu’à 1000 km à l’intérieur du territoire russe. Parfois, ce sont des modèles assez sophistiqués, comme le Beaver – littéralement "le Castor" – un drone qui a déjà visé des bâtiments du renseignement russe. Mais l’Ukraine utilise aussi des modèles bien plus rudimentaires, qui ressemblent à de simples avions de tourisme autonomes. Sauf que malgré leur apparence basique, ces drones ont réussi à frapper des raffineries de pétrole situées à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière.
L’accessoire indispensable du soldat en Ukraine aujourd’hui, c’est le mini-drone. Que ce soit du côté ukrainien ou russe, ces engins sont désormais produits par millions chaque année, et rien que sur le front, plus d’une centaine de drones tombent chaque jour. On parle ici de modèles bon marché, fabriqués à partir de composants chinois, et utilisés pour tout un tas de missions : Reconnaissance, pour inspecter une zone. Renseignement, pour récupérer des données et guider l’artillerie. Attaque, soit en larguant des explosifs, soit en mode suicide, une méthode qui s’est largement imposée depuis 2023 grâce aux évolutions technologiques. Certains crachent même du feu, oui oui : sur ces images, on voit des drones avec munitions dites thermites, fortement incendiaires, qui atteignent les 2500 degrés pour aller nettoyer une tranchée on va dire. Et parmi ces évolutions, il y en a une qui a tout changé : le pilotage en vue subjective, ou FPV. Avec un simple masque, le pilote voit exactement ce que voit son drone, ce qui permet des attaques ultra-précises, notamment sur des points faibles comme la tourelle des chars russes, connue pour être leur talon d’Achille. Les drones FPV sont devenus une arme de référence dans le conflit… jusqu’à récemment. Parce qu’encore une fois, une nouvelle technologie est en train de changer la donne : la fibre optique. Alors, pourquoi la fibre optique ? En gros, elle utilise des fils ultra-fins en verre ou en plastique pour faire circuler l’information à la vitesse de la lumière. Résultat : une connexion hyper rapide, ultra stable et impossible à brouiller. Et sur le champ de bataille, c’est un énorme avantage. Le plus surprenant, c’est que ce câble peut être déroulé sur plusieurs kilomètres et qu’il est assez résistant pour ne pas se couper au moindre obstacle. Ça permet de piloter un drone armé sans aucun risque de brouillage. Sauf que… certains soldats ukrainiens ont déjà trouvé une parade : il leur suffit de suivre le fil pour remonter directement jusqu’à la base russe. Mais attention, dans le ciel, il n’y a pas que des petits drones du commerce. Il y a aussi des dizaines de modèles militaires conçus spécialement pour la guerre. Côté russe, on retrouve par exemple les Orlan, des drones de surveillance, ou encore les Lancet, des drones kamikazes très présents sur le front. Côté ukrainien, les États-Unis fournissent des Switchblade, des drones suicides miniatures qui frappent à très courte portée.
Des vidéos montrent l’utilisation d’un avion d’entrainement soviétique utilisé par l’armée ukrainienne pour chasser les drones. Cette méthode aurait déjà fait ses preuves. Dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la course à l’armement passe par l’improvisation. L’armée ukrainienne a encore montré un bel exemple de recyclage militaire avec le déploiement d’un avion de l’ère soviétique pour abattre des drones. Plusieurs vidéos publiées fin juin 2024 sur Telegram et les réseaux sociaux montrent des Yak-52, un ancien modèle dédié à l’entrainement et à la voltige, chassant dans le ciel. Des images capturées par un drone russe permettent d’en savoir plus sur les méthodes de l’armée ukrainienne. Il semblerait que les Ukrainiens reprennent des méthodes de la Première Guerre mondiale, réactualisées avec des armes plus modernes. Le pilote se charge de s’approcher des drones pendant que le second utilise soit un fusil anti-drone pour brouiller la connexion ou tout simplement un fusil conventionnel pour abattre l’engin.
La guerre entre la Russie et l’Ukraine a propulsé les achats de drones de combats et, dans la foulée, les moyens pour s’en défendre. L’armée britannique a annoncé fin juin l’achat de plusieurs centaines de systèmes de contrôle tir SMASH auprès de la société israélienne Smart Shooter, rapporte le média spécialisé The Defense Post le 28 juin 2023. Ce viseur intelligent permet de cibler un drone avec un fusil d’assaut et promet au tireur de le faire tomber en un tir jusqu’à 250 mètres d’altitude. Le soldat accroche le dispositif sur son arme comme une lunette de visée classique. Si un drone est détecté, un carré va automatiquement suivre l’appareil, informant le militaire sur la distance avec l’appareil. Le viseur signalera le moment optimal pour abattre le drone. Ce système peut rester verrouillé sur sa cible même si l’opérateur ou le drone ennemi se déplace.
L’IA et les drones de combat, le mariage qu’attendaient les militaires commence à se concrétiser. Le groupe français Thales a dévoilé ce 16 octobre sa dernière technologie, nommée Swarm Master, basée sur l’intelligence artificielle et intégré à des mini-drones. Sur un tarmac ensoleillé en région parisienne, les ingénieurs du géant de la défense ont mis en scène l’avenir des zones de combat. La saturation du champ de bataille par les drones étant déjà une réalité dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’entreprise, ainsi que ses partenaires Icarus Swarm et Scalian, ont imaginé des engins qui pourraient se passer des pilotes. Concrètement, un opérateur reste dans la boucle pour lancer la mission, mais l’essaim de drone, lui, décolle et réagit sur le front en fonction des éléments qu’il détecte. Plusieurs appareils, fabriqués par la société Parrot attentent sagement les instructions avant de décoller. Le militaire leur ordonne par exemple d’inspecter une zone avant de s’y déplacer en véhicule. Les drones bourdonnent au-dessus d’un bois et détectent ce qui ressemble à des mines sur le chemin. Ils vont alerter dans la foulée l’escouade et lui proposer des itinéraires différents.